| La démocratie religieuse est une théorie du pouvoir propre aux systèmes politiques fondés sur des principes religieux. Elle repose à la fois sur la reconnaissance de la souveraineté divine et de l’unicité de Dieu en matière de législation, tout en affirmant la primauté du droit, le rôle central du peuple dans l’élaboration des décisions, la formation du système politique, ainsi que la nécessité d’un contrôle et d’une coopération entre le peuple et ce dernier. Dans ce cadre, les citoyens croyants participent activement à la vie politique, dans le respect des enseignements de la charia, et toute forme d’autocratie individuelle dans les processus décisionnels collectifs est rejetée. Cependant, cette conception se distingue fondamentalement de la démocratie occidentale envisagée comme une valeur intrinsèque (et non simplement comme un mode de gouvernance). En effet, cette dernière s’appuie sur des fondements épistémologiques, anthropologiques et théologiques spécifiques tels que : relativisme cognitif, autonomie de la raison, rejet de la révélation comme source de connaissance, pluralisme épistémique, conception particulière de la liberté, et anthropocentrisme au détriment du théocentrisme. Cette étude, menée selon une approche à la fois descriptive et analytique, propose une relecture des fondements anthropologiques et théologiques de la démocratie religieuse dans la pensée de l’Imam Khomeiny et d’Allameh Tabatabaï. Il en ressort que ces deux figures majeures de la philosophie et théoriciens de l’époque contemporaine ont élaboré une conception cohérente de la démocratie religieuse, fondée sur des principes à la fois révélés et rationnels. Parmi les éléments anthropologiques et théologiques les plus marquants de la démocratie religieuse, on peut citer : une conception multidimensionnelle de l’être humain, sa nature divine, sa liberté et son libre arbitre, sa dignité innée et acquise, ainsi que sa fonction de vicaire de Dieu sur terre. D’un point de vue théologique, le principe d’unicité de Dieu (Tawhid) ne se limite pas à la sphère ontologique divine ; il s’étend également à l’exercice du pouvoir politique et à l’élaboration des lois, excluant ainsi toute forme de séparation entre le religieux et le politique autrement dit, toute forme de sécularisation. |