| La question du rôle et de la position du peuple dans la fondation du pouvoir politique ainsi que dans les modalités de gouvernance constitue un enjeu fondamental ayant suscité, de l’Antiquité à nos jours, de nombreuses controverses. L'importance de cette problématique se trouve renforcée par le fait que, dans les discours politiques contemporains, la démocratie et le principe du suffrage majoritaire sont largement reconnus comme les principaux critères de légitimité d’un régime politique. Dans ce contexte, la conceptualisation d’un modèle fondé sur la démocratie religieuse s’impose comme une alternative innovante et performante, remettant en question les formes traditionnelles de gouvernance, qu'elles soient autocratiques, héréditaires ou démocratiques. La démocratie religieuse repose sur deux piliers essentiels : la légitimité d'origine divine et la participation populaire. Ce modèle trouve son expression la plus aboutie dans la société idéale attendue selon l’eschatologie mahdiste, caractérisée notamment par l’unité culturelle fondée sur la religion, l’adhésion collective, l’instauration de la justice et la promotion de la rationalité publique. En mobilisant une méthodologie analytique et descriptive, cet article s’attache à analyser la place du peuple dans l’architecture politique de la démocratie religieuse et, à la lumière des traits culturels et civilisationnels de la société idéale mahdiste, à identifier les principaux indicateurs d’une gouvernance vertueuse. |